"(bark)" (25:35)
[ Dictionnaire Collins : bark, n. aboiement, écorce ]
Au lendemain d’un périple, c’est la reconstruction de mémoire qui compte, peut-être autant que le présent dans l’action du moment. J’ai cherché à assembler dans (bark), des éléments reconstruits, caractéristiques de mes descentes dans les vallons obscurs, guidé aussi par les circulations du texte de Sophie, nos nombreuses incursions dans ces sites et les visions cendrées d’Anne et Patrick.
Le mixage des enregistrements in situ avec des matériaux fictifs révèle comme un carottagede sons des vallons pour une scénographiementale. (bark) se présente avec une temporalité et un déroulement autonomes, mélant plusieurs flux d’événements et entrelacs de textures pour une projection à faible intensité. Descendre dans un vallon, c’est s’immerger progressivement dans un topos, comme dans le fil du texte qui berce, qui caresse ou qui égratigne. Dans une forêt, il y a plusieurs manières de s’enfoncer qui relèvent toujours du jeu de l’équilibre entre le dépassement et l’abandon. À quel moment acceptons-nous de lâcher prise ? Quand décidons-nous que le matériau sonore occupe une stabilité possible ?
« Avec ta béatitude il y a le souffle d’un rendez-vous qui grogne. » (*)
Dans (bark) que l’on peut entendre «barque», un motif répétitif rythmique, à mi-chemin entre craquement acoustique et vibration électrique, servira de passeur. Autour de lui, des événements naturels et hybrides s’enroulent ou se côtoieront dans un même environnement. Les oiseaux que l’on entend sont-ils bien tous réels ? Est-ce de l’eau cet écoulement a priori limpide ?
« Le bois sec des temps morts. » (*)
Les vallons obscurs sont considérés comme des biotopes dont l‘intégrité reste critique. Au fond, comme le résidu de plastique, il y a l’appréhension de la bascule ("La Chute"), qui devient un élément structurel avec la désagrégation nette ou progressive de plusieurs des matériaux sonores.
(*) À deux pas des chiens de Sophie Braganti.
« Durant plusieurs siècles la vie se déroula en silence, ou en sourdine. Les bruits les plus retentissants n’étaient ni intenses, ni prolongés, ni variés. En effet, la nature est normalement silencieuse, sauf les tempêtes, les ouragans, les avalanches, les cascades et quelques mouvements telluriques exceptionnels. »
Luigi Russolo, L’Art des bruits, manifeste futuriste 1913.
« Les sons du dehors sont différents des sons du dedans. »
R. Murray Schafer, Extraits pour Voix urbaines.
"(bark)" (25’35)
[Collins Dictionary: bark, n. bark, bark]
The day after a journey, it is the reconstruction of memory that counts, perhaps as much as the present in the action of the moment. I sought to assemble in (bark), reconstructed elements, characteristic of my descents in the dark valleys, guided also by the circulations of the text of Sophie Braganti, our numerous incursions in these sites and the ashy visions of Anne Favret and Patrick Manez.
The mixing of in situ recordings with fictitious materials reveals as a carottagee sounds of valleys for a scenographialeale. (bark) presents itself with an autonomous temporality and flow, mixing several streams of events and interlacing of textures for a low intensity projection. To descend into a valley is to gradually immerse oneself in a topos, as in the thread of the text that cradles, caresses or scratches. In a forest, there are several ways to sink that always fall into the game of balancing overtaking and abandonment. When do we accept to let go? When do we decide that the sound material occupies a possible stability?
« With your beatitude there is the breath of a meeting that grumbles. » (*)
In (bark) that we can hear "barque", a repetitive rhythmic pattern, halfway between acoustic cracking and electric vibration, will serve as a ferryman. Around him, natural and hybrid events wrap themselves up or rub shoulders in the same environment. Are the birds we hear all really real? Is this water flow a priori limpid?
« The dry wood of the dead time » (*)
Dark valleys are considered biotopes whose integrity remains critical. Basically, like the plastic residue, there is the apprehension of the rocking (The Fall), which becomes a structural element with the clear or progressive disintegration of several sound materials.
(*) À deux pas des chiens, Sophie Braganti.
« For many centuries life went on in silence, or muted. The most resounding noises were neither intense nor prolonged nor varied. Indeed, nature is normally silent, except storms, hurricanes, avalanches, waterfalls and some exceptional telluric movements. »
Luigi Russolo, The Art of Noises, futuristic manifesto 1913.
« The sounds outside are different from the sounds inside. »
R. Murray Schafer, Excerpts for Urban Voices.